Condoléances
Toi qui détestais les enterrements, ce serait comique si de là haut tu nous regardais.
Je t’imagines te foutre de nous « Au moins moi, je devrai pas assister au vôtre »
De toute façon tu l’aurais fait, mais sur ton absence y aura pas à redire … pour le reste par contre !
« Qu’est-ce que tu m’fesais chier, Jacques Degheele »
C’est comme ça que tu m’as accueilli dans ton monde. Ca m’a direct rassuré, vu que je te trouvais tout sauf sympa. T’aimais pas plus les flics que les crapules, les prétentieux que les frileux, les français que les flamands, les gauchos que les fachos, les écolos que les bobos, les cathos que les musulmans, les trop tricheurs que les trop honnêtes, les donneurs de leçons que les moutons , les joueurs de tennis (le Rodger, le Bugge et le Stein mis à part) que les joueurs de hockey (sauf Claude, Michel et qqs autres), les acètes que les poivrots (sauf …presque tous) : de toute évidence, t’aimais pas bcp de monde. Et que je te fasse chier était un point de connexion tout à fait réciproque.
Et puis des soirées ont passé. Beaucoup de soirées, des verres, beaucoup de verres, des matchs, beaucoup de matchs, des confidences, beaucoup de confidences … et j’ai compris que j’avais faux.
Y a qu’une catégorie de gens que t’aimais vraiment pas : les cons. T’avais tellement peur d’en devenir un vieux que c’était peut-être pour ça que tu brulais la vie par les deux bouts.
Pourtant t’avais aucune raison de la craindre : cette maladie la, elle était pas pour toi !
Une petite charade comme t’aimais en résoudre ?
Aller, une petite « dernière pour la route » ;-) , une qui te ressemble alors, sans pommade :
Mon premier est L’A première lettre de l’alphabet, comme L’A- typique.
L’asocial, l’anticonformiste, l’arrogant, l’agaçant, et surtout l’amoureux : l’amoureux des extrêmes, du vin, des bistrots, des découvertes, des nouveautés, de la littérature, des sports, de la musique…
Mon second un F, comme Funambule
Ou encore tes failles, faiblesses, forces, ta fermeté, tes femmes, ta famille, tes frères…
Mon troisième est dedans, comme dans l’In-soumis
L’intrépide, l’insatisfait, l’indomptable, l’imprévisible, l’intellectuel, l’inclassable, l’infernal,…
Mon tout est un la fin du drôle de mec. Un qui en avait, un pur, un dur, un brut de coffrage.
Ta fin, j’en suis persuadé, c’est toi qui l’as décidé.
T’étais pas fait pour jouer les prolongations. Je t’imagine face à la grande faucheuse, la toisant en plissant tes paupières et serrant les poings, « montre-toi si t’ose », impatient d’en découdre avec elle … mais elle apparemment elle est faite d’un bois encore plus dur que le tien. Un de ceux que t’as pas dû rencontrer souvent au cours de ta vie dans laquelle t’auras rencontré beaucoup d’essences. Elle nous l’a pris notre Narre. Pas sûr qu’elle le regrette pas quand que tu taperas le baston là haut …
… mais ça c’est une autre histoire que tu nous raconteras peut-être plus tard.
En attendant, elle a gagné. Et si ça doit en réjouir certains, à nous tu manques déjà .
Ton humour, ton cynisme, ta mauvaise foi, ta répartie, tes excès, ta tendresse, ta curiosité.
Promis, de toutes tes facettes qui m’ont fait t’aimer, je vais garder quelque chose.
Et les transmettre à mes 4 peutiots que tu aimais tant.
Adieu mon pote. C’était un honneur que tu nous ai considéré, Ali, Den, ta p’te Lou, Ghost et maintenant Fabienne, comme de ta famille. Pour un bon moment encore j’espère, envoie-nous tes « p’tis cons, qu’est-ce que tu fous là…». Pas loin qu’on devra chercher d’où ca vient ;-). De nous six, et de quelques autres, je te le dis sur le tard mais te le dis du fond du cœur : Narre ? MERCI !
Degheele Jacques- 09/11/2018