| Monsieur Jean PERRÉARD « Nom de dieu, je n’arrive pas à croire que je n’arrive pas à crever! » Ces mots, prononcés par mon grand-père quand il a eu la Covid et pensait ne pas s’en sortir résument parfaitement qui il était : l'incarnation de l'autodérision. Il ne cherchait pas à être drôle, mais sa façon de raconter les choses faisait souvent rire. À chaque rencontre, il nous racontait souvent les mêmes histoires. Certaines pour nous inviter à la prudence, comme celle de son ami mordu au visage par son labrador. D’autres parce qu'il les trouvait rigolotes ou mémorables, comme l’histoire du corbeau qui lui avait touché la tête pour le remercier pour le morceau de pain. Papi n'aimait pas se faire remarquer. Il détestait la foule et le bruit, préférant la discrétion et le calme. À table, il était souvent perdu dans ses pensées, réalisant de petites expériences avec ce qu'il trouvait dans son assiette, équilibrant des objets de manière improbable. Il avait le regard curieux et inventif d'un ingénieur, l'âme d'un scientifique un peu excentrique. C'était un contemplateur, un amoureux de la nature et des animaux. Il respectait tout le monde, sans jamais dire du mal de quiconque sauf peut-être des notaires et des chauffeurs de voitures rouges, qu'il qualifiait respectivement de truands et de " margoulins " ! Mon grand-père était adorable, mais pouvait aussi être très têtu et grognon. Sa détermination et son caractère bien trempé faisaient partie de son charme et le rendaient encore plus attachant. Pour nous, son calme, sa gentillesse et sa bonté étaient sa marque de fabrication. Tous ceux qui l'ont connu partagent cette même impression de sérénité et de bienveillance. Si nous le pleurons aujourd'hui, c'est parce qu'il nous a profondément marqués par sa douceur et sa sagesse. Mon grand-père disait souvent qu'il ne voyait aucun intérêt à devenir centenaire et qu'il ne voulait pas fêter ses 100 ans. Fidèle à lui-même, il est parti à 99 ans et 6 mois, en cohérence avec ses convictions jusqu'à la fin. Une page est en train de tourner, mais je suis heureuse d’avoir pu partager ces dernières années avec mon grand-père, le seul qui me restait. Je suis particulièrement reconnaissante qu’il ait pu connaître mon fils Matteo, qu’il appelait chaleureusement « petit cheveux noirs » car il n’a jamais vraiment retenu son prénom. Il faut aussi dire que notre famille brésilienne l’a en quelque sorte adopté comme un membre à part entière et ressent son départ tout autant que nous. Les souvenirs des moments passés au Brésil ont certainement contribué à sa longévité, puisqu’il y a passé tous les hivers pendant 20 ans, et y a été reçu avec beaucoup d’affection. Ces moments partagés là-bas étaient précieux et lui ont apporté beaucoup de joie et de sérénité. Aujourd'hui, nous célébrons la vie d'un homme extraordinaire. Un homme qui, par son humour, sa discrétion et sa sagesse, a laissé une empreinte indélébile dans nos cœurs. Cher papi, tu nous as appris à voir le monde sous un jour différent. Tes histoires, et tes leçons de vie continueront de résonner en nous. Ce matin, j’ai demandé à ma mère comment je devais m’habiller pour cette journée, car au Brésil on porte du noir pour les funérailles. Elle m’a répondu : « En France, c’est pareil. » Eh bien, j’ai décidé qu'aujourd'hui je mettrai du noir pour symboliser la tristesse, du blanc pour la tranquillité, la paix, le calme, car c’est la couleur qui représente le mieux papi, et du rose pour l’amour et la gratitude, car ce sont des sentiments que nous ressentons tous pour lui. Enfin, comme tous les proches de papi, je voudrais remercier tout particulièrement Dominique pour son dévouement incessant. Merci pour tout ce que tu as fait pour lui durant toutes ces années. Repose en paix mon petit Papi. Nous t'aimerons toujours et chérirons chaque souvenir partagé avec toi. Cynthia Perréard / De Oliveira
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