| Madame Marie-Madeleine HEMON nacida NOËL Adieu Mado. J’avais 6 ans quand nos familles se sont réunies. Tu habitais alors Romainville en banlieue parisienne, où tu t’occupais d’une blanchisserie. Je garde le souvenir du séjour que nous y avons fait avec Maman et Jean-Guillaume. Nous sommes allés à la Tour Eiffel avec ton grand-père, le « Père Noêl », dont la belle barbe blanche et la grande cape lui valaient de recevoir des lettres d’enfants à Noël. Il était plus connu à Brest pour ce personnage que comme l’architecte qui avait reconstruit l’arsenal après la guerre. Puis tu nous a rejoint à Brest avec tes frères. Aux louveteaux, tu étais ma cheftaine Baloo. J’en garde deux souvenirs : tu montes devant moi la passerelle d’un bateau de guerre que nous visitons, et le béret que je portais, hérité d’un de mes grands frères scouts, trop grand pour moi… J’avais 9 ans quand tu as quitté notre 151 rue Jean Jaurès pour fonder ta belle famille. A ton mariage, à Guengat, je n’ai pas vu la fin du repas car, pour jouer les grands, j’ai bu du vin posé sur notre table et fini allongé dans un à de l’étage en-dessous. Je me souviens de tes mots, furieuse : « Il n’y a pas idée de mettre du vin sur la table des enfants ! ». Ma première cuite !... Je me souviens d’être allé en famille vous voir dans votre grande maison des Tamaris à Alès, à l’occasion du baptême de Brigitte peut-être. Pas celui de Mireille car à l’annonce de son prénom, j’étais dans la charcuterie où j’entends encore Christian Join s’amuser du nom de la célèbre marque de saucisson sec d’Avignon que vous lui aviez choisie ! Souvenir marquant : un scorpion dans notre chambre ! Tu l’as maudit. Notre voyage en DS Citroën nous a amené à Marseille. J’ai en mémoire l ;a bouillabaisse dont je n’ai aimé que les croûtons ! Nous nous sommes revus deux fois à Argenton dans ce terrain familial où Françoise et Christian, Jacques et Marie-Paul et plus tard, moi-même avec Marie-Madeleine, passions nos vacances en caravane. J’ai le souvenir d’un cochon grillé préparé par Christian et de jeux dont j’ai gardé une photo : Guillaume à genoux la tête dans une bassine d’eau pour attraper une pièce de monnaie, et toi pliée de rire ; on y voit aussi Cathy qui doit avoir 7-8 ans. Quelques années plus tard, le souvenir de toi c’est une grande discussion sur l’évolution de la société, un sujet que tu affectionnais, comme moi. Je crois que c’est ce jour-là que Guillaume, perplexe mais admiratif, a raconté que tu avais défilé en noir dans les rues d’Alès avec Amnesty International ! On s’est revus à St-Paul Lacoste, une première fois j’étais avec Marie-Madeleine et les petits, les deux autres avec des amis, Katell et David ados, puis avec des amis et Katell et ses enfants. On te voyait toujours en bas, à Alès, car disais-tu, « je n’aime pas la campagne ! ». C’est encore la raison que tu as invoquée pour ne jamais accompagner Guillaume lors de son pèlerinage annuel à Guengat, ajoutant même, en plus du manque de chaleur en Bretagne : « Mon rêve, c’est d’habiter Paris » ! On s’est souhaité chaque Bonne Année. La dernière fois, tu comprenais difficilement mes mots. Comme tu m’avais toujours écoutée avec tellement d’attention et d’affection, que nous arrivait-il ? Mado ! On s’attache différemment à chaque personne qu’on aime. On se quitte avec des sentiments aussi singuliers.
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