| Monsieur Thierry BOECASSE Je travaille dans une association de Solidarité et j'ai connu Thierry dans le cadre d'un accompagnement "socio-pro". Il était musicien (percussions et Basse) et tentait d'obtenir son intermittence du spectacle. J'ai tout de suite ressenti que les métiers artistiques étaient sa passion. Nous avons donc travaillé ensemble sur ce projet. Je l'ai accompagné également à trouver son logement. L"Administratif" n'était pas "son truc", Il se vouait corps et âme à sa passion, la musique. C'est là qu'il m'a parlé d'un projet encore irréalisable pour lui qui était de devenir conteur. Je lui ai dit "C'est ta voie, alors banco mais il va falloir être sérieux, c'est un métier". Il m'a dit que c'était la première fois que quelqu'un lui faisait confiance à ce point. Nous avons passé des heures et des heures sur son projet, pour le concrétiser comme un professionnel et non comme un passionné. Je lui ai donné des contacts, des lieux, des opportunités. Il a exactement suivi toutes les consignes. Il a pris des cours de chants pour placer sa voix (ou sa professeur lui a révélé un vrai don unique qu'il n'a pas souhaité exploiter), il a suivi une formation a Strasbourg autour du "Conte", Il a travaillé son projet, on a travaillé la comm' ", son personnage", une histoire qui est devenue son premier spectacle de conteur-musicien 'La Tradition Orale", teinté d'histoire réelle ou inventées venues d’Afrique et de Guyane. Je l'ai fait répéter, je l'ai motivé quand il avait une baisse de motivation. Il y a passé des jours et des nuits, mais comme il était passionné cela lui a été facile et il avait de vraies compétences et aussi liées à ses qualités, sa personnalité. Parallèlement et grace à nos contacts qui lui a donné des idées et de ses contacts qu'il a pu convaincre , il est devenu "Intervenant Culturel" dans des écoles en "Péri Scolaire", a créé une activité "Percussions" dans une MJC et a commencé ses spectacles. Au jour de son premier spectacle à la MJC Pichon à Nancy il m'appelle "Lionel, j'ai besoin de toi, le spectacle est dans 4 heures j'y suis déjà, et je panique". Je suis resté avec lui avec quelques amis à lui, tout l'après midi en lui disant "tu es prêt, c'est super, fonce !". Après le spectacle je lui ai dit d'aller échanger avec le public. Il était tétanisé, pourtant si fort et "à l'aise" dans la vie et a récolté des dizaines de félicitations. Ca a été pour lui le "Déclic". Grace à ses CDD et spectacles, il a pu en deux ans décrocher son intermittence. Pour lui c’était un vrai rêve qu'il réalisé et aussi une fierté pour lui vis à vis de sa famille et de son père et ses frères en Guyane dont il me parlait souvent. Mon accompagnement a duré 3 ans et ensuite il a volé de ses propres ailes, mais en nous croisant régulièrement car tenait à me donner de ses nouvelles et me remercier de sa nouvelle vie. La dernière fois que je l'ai croisé, c'était dans un magasin où il cherchait quelques objets pour son spectacle. Il allait bien, la même joie de vivre et de tenir son métier malgré des hauts et des bas. Et puis grâce à cela il a pu retourner en Guyane, aller aux Antilles. Bref il était heureux et vivait la vie qu'il voulait, sans être riche pour autant, mais l'essentiel pour lui n'était pas là. Son vrai objectif de vie était d'être artiste, reconnu et apprécié. Tous les messages reçus à l'annonce de son décès, prouvent à quel point il était apprécié. Je garderai de lui le souvenir d'un homme bon, amical, qui aurait donné sa chemise pour aider quelqu'un, qui ne vivait que pour son art. Se préserver, se soigner, gérer son quotidien, tout cela n'était pas dans ses priorités. Il était heureux que dans ses spectacles, ses interventions, ses coups de mains, sa vie d'artiste. Je le cite souvent en exemple depuis longtemps, car il s'est donné les moyens de vivre ses rêves et c'est ce qu'il y a de mieux dans la vie. Toutes mes condoléances à sa famille, vous pouvez être fier de son passage sur terre et de qui il était. Bien à vous. Lionel BLAISE
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