| Monsieur Alfred JACQUAT Bien chère Madame, Bien cher Jean-Martin et toute la famille,
C’est avec une tristesse certaine, contenue et respectueuse de l’être qu’était votre époux, papa, grand-père, arrière–grand-père, que je m’autorise ces quelques mots empreints de toute ma sincérité.
L’humain est, ontologiquement, un être de lieux, et avoir exercé pendant plus de trente années dans cette fonction gratifiante mais ô combien difficile , aura empli l’espoir de toute une vie. Celle qui vous aura apporté les prémices et les aboutissants d’une éducation basée sur l’ouverture, le partage de cette connivence de la parole et de l’outil.
Aujourd’hui, l’implacable et irréversible destin vers lequel nous tendons tous, aura permis une forme de délivrance à celui dont les traces resteront indélébiles sur ce parchemin de vie qu’était son lieu de travail et de résidence. Le « Château » en patois francique « das Schloss » vit encore des derniers instants de sa présence parmi nous, parmi vous. L’empreinte de son sourire et celle de sa pipe resteront ancrées à jamais dans le moindre interstice de cet espace où résonnent encore, en sourdine certes, des chants aux accents grégoriens.
Il m’est agréable de rappeler ces années de lumière, ces années limpides pendant lesquelles l’accueil de votre époux, de votre papa, et bien plus, ne fut pas seulement un mot mais une réalité à laquelle mon âme se sera épanchée avec joie et discrétion.
Votre époux, madame, votre papa Jean-Martin et vos sœurs, restera, pour moi, l’être dont la simplicité avait le goût de l’ineffable don de soi, cette harmonie imprégnée d’une éducation, dont les racines puisèrent leur source dans le roc de la sérénité, de la valeur morale transmise par ses aïeux.
Me reviennent pêle-mêle les souvenirs d’une adolescence pendant laquelle nos chemins se seront croisés, et qui m’auront permis d’exercer des talents de moniteur à Reinhardsmünster, entre autres, mais aussi de partager des idées communes sur l’Homme, la société, la vie tout simplement. Votre papa illumina mes yeux d’adolescent en quête d’instants d’éternité et de communion.
Aujourd’hui, l’heure est au remembrement, à la fois couture et souvenir, l’espace est affecté et les murs ferment les yeux, les lieux communs sont autant de stations incontournables du cheminement du deuil.
Que ces instants de finitude restent comme autant de moments de partage de l’esprit et de l’âme, afin que l’image de celui qui vous unit en ces temps réponde à cette citation d’André Breton « Tout l’au-delà était dans cette vie ».
Que mes pensées les plus sincères caressent l’espace du temps et du souvenir. Qu’elles vous accompagnent en ces instants de « l’aujourd’hui de Dieu » comme l’écrivait Saint Augustin.
Bien à vous, Madame Bien à toi Jean-Martin, tes sœurs, toute la famille
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