| Madame Madeleine SAYER born CINY C'est avec joie que j'apprends ton décès. Oui, avec joie, car tu as enfin rejoint ton mari, ton "Doux", ou "Doudou", comme tu l'appelais. Avec joie car nous croyons que Dieu t'a accueillie comme tu le méritais, pour ta simplicité et toute la gentillesse que tu as su nous donner tout le long de ta vie. Merci Tante Madeleine ! Non je ne ressens aucune douleur, Tante Madeleine, à te savoir dans la plénitude du véritable Repos, lorsque ici bas tu as été si injustement malmenée à la fin de ta vie. Non je ne partage pas de peine à cause de ton départ, Tante Madeleine, toi dont le sourire doux illuminait si facilement le visage. Peut-être devrais je avoir de la peine pour celles et ceux qui restent ici-bas. Je crois que je devrais. Pour certaines et certains. Chère Tante Madeleine, je ne t'enverrai pas de fleurs, bien inutiles, mais beaucoup de pensées fleuries illuminent ma mémoire. Je me souviens. De ce pull vert dont j'avais choisi la couleur, et que tu m'avais tricoté avec amour, c'était dans votre maison de Neuville, derrière le passage à niveau, j'avais quatre ans. Du spectacle de ta cafetière extraordinaire, lorsque la boule de verre remplie d'eau crachait son délicieux café, à la fin des repas de famille à Genay, qui ne finissaient jamais. On se sentait si bien chez toi. De ton amour pour tes chiens boxers qui accompagnaient tes jours et protégeaient tes nuits. De ton abnégation, devant chaque minuscule perche soleil qu'Oncle André pêchait "en Saône" et qu'il fallait vider. La meilleure friture c'était chez toi. De ton permis de conduire et de ta voiture qui te faisait un peu peur. Et de toute cette disponibilité pour nous recevoir. On ne te dérangeait jamais ! Tu étais une fille de Neuville et tu évoquais parfois ton père, ou bien "la Vogue aux Échelles", à chaque premier Mai. Tu étais simple et tu aimais vivre. Les dernières années de ta vie n'ont pas été à la hauteur, Tante Madeleine. Elles ont été injustes. Comme si on t'avait volée ta vie, spoliée d'un bien précieux, la gaieté des journées en famille. Comme si on t'avait obligée à te recroqueviller dans une survie sans saveur, toi qui aimait le foie gras, le saumon, le champagne, le cointreau et la gentiane. Mais que s'est il passé ? J'ai l'impression de ne pas avoir tout à fait suivi. Comme si on t'avait forcé la main, comme si tu t'étais retrouvée incapable de continuer à vivre ta vie, vraiment vivre. Personne, sûrement, n'est coupable de cela, mais partager un seul de tes repas, insuffisant et insipide, soi disant un repas de fête, dans ta maison de retraite, c'était un peu le coup de grâce d'une mauvaise aventure qu'il fallait terminer. On a oublié de nous avertir. Mais notre mère s'est toujours inquiétée de toi. Elle est peut-être la dernière personne qui t'a rendu visite, avec notre sœur Christine. Et téléphonant hier pour prendre de tes nouvelles comme elle le faisait régulièrement, on lui a annoncé que tu n'étais plus. Nous qui portons ton nom d'épouse, Madeleine SAYER, nous en sommes bouleversés. Nous aurions voulu t'accompagner ce lundi 27 novembre 2023. ... Te voilà dans la Lumière, à tout comprendre de ce qui nous est caché ici bas. Que le Bon Dieu te garde ad aeternam. Je t'embrasse, et je peux l'écrire, nous t'embrassons, très très fort
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