| Monsieur Pascal PEREZ A Nathalie A ses filles À Pascal surtout À tous et toutes,
Malade ou convalescente, je renonce à venir aujourd'hui. Cela me désole. Mais je suis avec vous.
Quelle vilaine et incompréhensible nouvelle que la disparition de Pascal. Je n'ai d'abord pas pu le croire. Puis cela m'a mise dans une colère noire. Et alors je l'ai engueulé copieusement. Ça ne se fait pas, Pascal. Ça ne se fait pas du tout, de partir comme ça.
Pascal était quelqu'un de solaire. Il était la vie même. La vie, la joie et la simplicité. Comment la vie peut-elle s'éclipser soudainement, en nous laissant là, comme des noix ?
En vrai je ne l'ai pas tant connu que ça. J'ai rencontré Pascal grâce à Anne il y a une dizaine d'années, quand nous travaillions ensemble sur l'histoire sociale de l'héroïne. Pascal nous faisait rencontrer des gens qui avaient vécu cette histoire dans leur chair, dans leurs veines, dans leur quotidien. Ces personnes nous disaient ce qu'elles avaient vu, vécu et compris - ou pas compris d'ailleurs - de ces années 80-90-2000, si martiennes, si flamboyantes er dévastatrices à la fois. Il nous a fait rencontrer les témoins les plus dingues, les plus extravagants, les plus merveilleusement humains, parfois tombés de la lune, parfois aussi solaires et généreux que lui, toujours émouvants. Nous faisions les entretiens ensemble. Il était là, relançant discrètement, attentif, toujours vif, animé par cette petite agitation, cette façon de ne jamais tenir en place qui était la sienne et qu'on adorait. Ce sont les entretiens qui m'ont laissé les plus grands souvenirs.
Et puis on passait du temps chez lui pour l'occasion. C'était de grandes tablées, de longues heures à rire et à boire, à réfléchir et à se raconter des histoires. Cette maison respirait l'amour. J'adorais la façon dont il parlait de ses filles, de Nath. La façon dont il s'inquiétait parfois pour elles, quand elles étaient à l'autre bout du monde. La façon dont ils les aimait.
Ce n'était rien de plus que des moments de vie partagés. Je pensais qu'il était immortel.
Quelle chance inouïe de t'avoir croisé, Pascal. Quelle tristesse immense d'être privé.es de toi. Je ne peux qu'imaginer la douleur de celles et ceux qui avaient le bonheur de partager ton quotidien.
Quant à moi je vais continuer de croire que je pourrai le croiser un jour ou l'autre, je le sais.
Adieu Pascal. Merci d'avoir été là.
Aude
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