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Monsieur Fabian VIGUIER
Fabian,
Tu nous as quittés si vite, si tôt, …pourquoi ? Je n’aurai jamais la réponse. Les mots se bousculent dans ma tête pour te dire ma douleur face à la violence de ton désespoir mais pour te dire aussi le poids de ton sourire disparu et le souvenir merveilleux que tu laisses derrière toi. Tu étais l’amour, l’affection et la tendresse, à la fois, comme au jour de ta naissance. J’aimais ton humour, ton esprit, ton sens de la répartie, ta culture, ta curiosité. Enfant, tu me disais souvent : …Pourquoi Papa ? et je m’efforçais de satisfaire ta soif d’apprendre et de comprendre le monde qui t’accueillait. Tes amis et parents louaient ta générosité, ton altruisme, ton dévouement. Tu avais toutes les qualités dans le corps d’un jeune homme beau et fort. Ton adresse, ton habileté et ton ingéniosité étaient surprenantes. Tu avais exercé tes talents d’acteur et de comédien sur les planches des théâtres et des plateaux de cinéma. Je me souviens encore de ta joie lorsque tu me voyais assis au premier rang et de ma fierté de père quand je te trouvais plus doué que les autres J’aurais dû être plus près de toi, dans les moments difficiles pour te dire que la vie était belle et que tu étais entouré de gens qui t’adoraient et qui tenaient à toi. J’ai crié, crié pour que tu reviennes. J’ai pleuré, pleuré, j’avais trop de peine. Le chanteur qui écrivait ces mots est parti lui aussi, il y a quelques jours. Fabian, tu ne reviendras pas et je garderai ma peine. Pourquoi nous as-tu quittés si brutalement ? Pourquoi ? Ces mots me hantent depuis la semaine dernière. Je ne comprends pas. Nous t’aimions tous, Fabian. Tu étais même une de ces rares personnes qui faisait l’unanimité sur ce point autour de toi. Nulle critique ou note discordante à ton égard, jamais. Je te garderai dans mon cœur et je sais que ta mémoire et ton souvenir resteront longtemps dans le cœur de tous ceux qui ont croisé, un jour, ton chemin. Pardon d’avoir été aussi loin de toi quand tu étais seul. Pardon de n’avoir pas pris ta main au moment où la terre se dérobait sous tes pieds et où tu lâchais prise. Pardon de ne pas t’avoir dit plus souvent combien je t’aimais et combien je t’admirais. Je me souviens de ton retour d’Amérique Latine où tu étais parti sur un petit voilier. A ton arrivée à Paris, nous étions restés longtemps dans les bras l’un de l’autre après une si longue absence. Tu avais tant de choses à me dire que le silence s’était d’abord imposé. Puis les mots et les souvenirs étaient venus. Tu me parlais alors de ton mal être et de tes interrogations sur le sens que tu donnais à ta vie, sur ce que tu étais allé chercher si loin et que tu n’avais pas trouvé. J’ai remué ciel et terre pour tenter d’apporter des réponses à tes questions, en vain. J’aurais tant aimé te transmettre le réconfort qui t’aurait procuré la force de vivre et la volonté de tracer ta voie dans notre monde. Mais ces derniers temps, tu me semblais avoir redécouvert l’équilibre et la sérénité. J’avais même été rassuré par une certaine joie de vivre et ta volonté de te projeter dans des travaux à venir que tu préparais avec entrain et application. Je n’ai pas su voir les orages qui envahissaient ton cœur. Je n’ai pas vu venir le trouble dans ton âme. Je te sais maintenant en paix avec toi-même et avec les démons qui t’ont rattrapé. Ta vie était tourmentée mais ton être était pur. Il était lumineux. Tu ne souffres plus, Fabian. Le joli village de Saint Jean qui sent bon la glycine et le jasmin t’ouvre ses bras pour l’éternité. Nous avions un jour parlé de Dieu. Tu doutais de son existence. Tes angoisses étaient profondes. Nous nous comprenions. C’est un sujet sur lequel nos convictions étaient proches, mais aujourd’hui j’ai envie de croire et de te dire que si quelque part dans le ciel un Etre suprême nous regarde, qu’il veuille bien t’accueillir à ses côtés dans la paix éternelle. Ce soir, une nouvelle étoile brille dans la nuit. Je t’aime Fabian. Papa
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